samedi 30 janvier 2010

Retraites : un nouvel âge est né




Il y a des questions qui sont rarement posées sur les retraites : pourquoi la plupart des gens sont-ils si attachés à un départ précoce, si rétifs au report au delà de 60 ans ? Personnellement j'ai deux réponses que je soumets à mes amis lecteurs.

Un nouvel âge est né.
Naguère, jusqu'au début des années 80, l'âge de la retraite sonnait tristement. On partait à 65 ans et l'espérance de vie était autour de 75 ans. C'était le basculement vers la vieillesse.

Puis il y a eu un double mouvement. Avec la retraite à 60 ans décidée par la gauche en 1981, on est parti à la retraite de plus en plus tôt. Et l'espérance de vie s'est allongée au-delà de 80 ans. Résultat : un nouvel âge est né, celui de ces "grandes vacances" pendant lesquelles on est valide, on a du temps pour soi, pour son conjoint, pour ses petits-enfants, pour faire ce à quoi l'on aspire et que l'on a pas pu faire auparavant, pour s'investir pleinement dans la vie sociale et associative. Et cela grosso modo pendant 10 ans, voire davantage. Plus qu'une conquête sociale, c'est une conquête humaine, un progrès historique de l'humanité.

Et on est prêt à faire des sacrifices pour cet âge d'or. Beaucoup de gens préfèrent partir plus tôt quitte à perdre en taux de pension. Vivre ces années heureuses en gagnant moins, plutôt que travailler plus longtemps pour gagner plus.

Il est vrai que la faiblesse du niveau des retraites touche beaucoup de gens, qui sont obligés de continuer à travailler. Mais même avec les modestes ressources, si l'on a pu acheter sa maison, si l'on a des solutions peu coûteuses pour voyager, on peut malgré tout faire le choix de la retraite précoce.

Cet âge d'or n'est pas seulement un bénéfice individuel. C'est une richesse collective : enlevez des associations tous les bénévoles de plus de 60 ans ... Dans quelle société vivrions nous ? Qui s'occupe des personnes très âgées dépendantes sinon leurs enfants retraités ? Comment pourrions nous palier leur absence, avec quels fonds publics ?

La pénibilité du travail se généralise.
Naguère on pensait aux métiers pénibles sur le plan physique. Aujourd'hui, c'est tous les métiers qui sont potentiellement pénibles, non pas en raison de contraintes physiques, mais à cause de la pression descendante et souvent mal gérée par un management insuffisant. Les "suicides professionnels" augmentent. Le manque d'écoute, les décisions brutales et inhumaines (licenciements, mutations,...) le manque de formation et d'accompagnement créent des situations de détresse.

De ce fait, entre partir à la retraite, même avec trois sous, et continuer à travailler en subissant, bien des gens ont vite fait leur choix.

La question des retraites n'est donc pas qu'une affaire de paramètres économiques : durée de cotisation, âge du départ, ... C'est une question fondamentale de société.

3 commentaires:

BIDON a dit…

bravo et merci pour cet argumentaire emprunt d'humanité et de solidarité où l'humain est au centre des décisions. Un débat qui se pose ou se posera (car jusqu'à aujourd'hui c'était un taboo) au sein de nos instances.

Michèle a dit…

Je partage 100% de ce très juste texte sur les retraites aussi bien sur le nouvel âge et les engagements associatifs que sur la nouvelle pénibiloité du travail.

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je comprends votre point de vue. A quarante ans, dirigeante de PME, je regrette que l'âge d'or des retraités et préretraités en tous genres rendent chaque jour plus difficile l'insertion des jeunes, y compris les jeunes diplômés, et que les salariés en poste voient leur rythme de travail chaque jour intensifié parce que les charges sociales pour payer le système français auquel je suis très attaché par ailleurs rendent le coût du travail fort peu compétitif, y compris par rapport à d'autres pays de l'union européenne.
Je pense que les personnes partant à la retraite aujourd'hui, sont nées après la guerre et ont vécu le plein emploi des trente glorieuses. Leurs enfants sont nés avec le premier choc pétrolier et démarrent leur vie professionnelle avec les crises économiques
Il me semble qu'une société plus équilibrée devrait penser ses réformes en prenant en compte toutes ses composantes, qui constituent sa richesse et sa diversité
Cordialement,
Ac