La Ligne à Grande vitesse entre Poitiers et Limoges, une infrastructure de 115 km d'un coût de 1,5 milliards d'€, mérite pour le moins un débat associant l'ensemble des citoyens de notre région. Le débat public organisé en 2006 n'a pas, à l'évidence, traversé les populations. On peut reprocher à ceux qui protestent aujourd'hui d'arriver trop tard, il n'empêche : la plupart sont de bonne foi, ils n'ont tout simplement pas vu l'enjeu à l'époque.
L'accélération donnée au dossier en l'intégrant dans le projet de ligne Sud Europe Atlantique, en juillet 2009, a concouru à prendre de court élus et habitants.
Alors, que faire ? Passer en force ? Ce ne serait pas la première fois, mais il est-ce une pratique qui peut encore exister au 21° siècle ? Face aux choix souvent cornéliens que nous imposent la survie de la planète, ne faut-il pas rechercher au contraire une sorte de contrat social librement accepté, où chacun consent un sacrifice individuel au nom de l'intérêt général, y compris celui des générations futures ?
Pour qu'un tel contrat existe, il faut aller au delà des réunions d'information, comme celle qui a été tenue hier soir (merci à RFF de l'avoir organisée, elle était intéressante mais ne répondait pas à la question de la pertinence du choix effectué).
Il faut aller au delà aussi du débat participatif que nous avons organisé au Conseil Régional, très déséquilibré par l'absence de RFF (le Préfet en ayant refusé la venue).
Des méthodes existent : les conférences de consensus par exemple. Supposons que soient "enfermés" pendant trois jours un groupe de 30 ou 40 citoyens tirés au sort devant huissier. Que viennent devant ce groupe les tenants des deux partis. Que ce groupe travaille avec l'aide d'experts indépendants qui apportent les explications techniques et vérifient les arguments des uns et des autres. Qu'il aide à élaborer différentes alternatives et qu'ils les évaluent tour à tour.
Supposons qu'à l'issue de ces trois jours, après avoir délibéré, le groupe délivre un message aux habitants de Poitou-Charentes. La position prise dans ce cas sera forte d'une grande crédibilité et d'une forte légitimité.
Ne pouvons-nous pas prendre le temps de ce débat (quatre à six mois) ?
En démocratie, la mesure la plus juste n'a de vraie valeur que si elle est partagée.
6 commentaires:
Au delà de la proposition émise, la question soulevée me semble déjà en soi intéressante. Il me semble toutefois qu'avant d'émettre des propositions pour aller au-delà de cette crise majeure, il importe de se pencher sérieusement sur sa genèse. Il importe que tous les intervenants qui depuis 2004, et même bien avant qui se sont engagés dans ce projet s'expliquent : décideurs, promoteurs, opposants, et autres.
Explications, non pas pour se condamner mutuellement, mais explications entre citoyens volontaires dans un esprit orienté vers la recherche du bien public, la reconnaissance des erreurs passées, le souci d'intérêt général pour en tirer des leçons salutaires. Explications sur le thème : "comment nous sommes arrivés à un tel constat de gâchis" ... 5 ans d'énormes investissements financiers et humains dans des études, des campagnes publicitaires, 5 ans d'incapacité de communication mutuelle, de fausses concertations.
Cela ne va pas être facile, car ces 5 ans, sur fond de mépris et d'hypocrisie ont forcément laissé des vilaines blessures entre les protagonistes.
C'est dans l'épreuve et la reconnaissance de l'échec que l'humanité peut sortie grandie.
Et je crois que c'est un grand moment, un grand tournant que nous avons la chance de vivre aujourd'hui ... une chance à saisir.
Je pense que c'est à partir du moment où, nous aurons pu faire ce bilan constructif mais sans complaisance, que nous pourrons en tirer les moyens de conduire autrement de grands projets d'aménagement du territoire., dans un souci d'intérêt général, et de dialogue serein.
Je vous remercie pour les efforts que vous entreprenez personnellement pour trouver une résolution convenable pour tous à cette crise.
En 2004, nous n'étions pas encore étranglé par le poids des dettes, et la pression fiscale sur les habitants étaient encore soutenable. Aujourd'hui, les 1,5 milliard d'€ annoncés (les détracteurs disent 2 milliards) me semblent être au coeur de la question.
Il va nous falloir comprendre que la dette que nous laissons à nos enfants est une composante majeure du développement durable. En continuant à dépenser un argent que nos enfants ne pourront polus rembourser, nous nous comportons comme des criminels.
Sur ce dossier, le bon sens devrait se résumer en une amélioration significative du tracé actuel et avec un trajet par jour direct sur Limoges...
L'avenir de nos enfants se satisfera facilement du quart d'heure supplémentaire pour faire Paris Limoges...
Longue vie à votre blog...
Si nos enfants arrivent à survivre de cette terre dévalisée, polluée, ravagée que nous leur transmettons aujourd’hui, ils se souviendront de cette génération comme la génération la plus barbare de toute l’épopée de notre espèce humaine qui a perdu tout sens de ses responsabilités existentielles fondamentales jusqu’à sacrifier ses propres enfants à la satisfaction de désirs désordonnés les plus extravagants, et inutiles.
« La terre ne nous appartient pas,
ce sont nos enfants qui nous la prêtent. »
(chef Seattle)
Aujourd'hui le discours politique qui fait office de vertu est : la terre nous appartient, ainsi que le fruit du travail de nos enfants pour notre jouissance présente ... il est juste qu'ils héritent de nos dettes pour cela.
Christian
DEBAT PUBLIC DE 2006: DES PARTICIPANTS A L'INSU DE LEUR PLEIN GRE ?
Il semble qu'on confonde deux choses :le déroulement du débat public de 2006 et la conclusion tirée de débat public
Je voudrais parler de la première de ces choses
Suite à l'intervention de Mme COUTELLE, députée de la Vienne, sur France Bleu,j'ai retrouvé après quelques tâtonnements sur Internet le compte rendu du débat public établi par le Président de la Commission Nationale du Débat Public
http://www.debatpublic-lgvpoitierslimoges.org/docs/pdf/docs-finaux/bilan-cndp-web.pdf
C'est un document drôlement intéressant et qui vous apprend une foule de choses.
Le responsable de la CNPD dit que :
l'ouverture du débat s’est accompagné d’une diffusion élargie et diversifiée de l’information ( le bilan souligne que « Il est à remarquer que pratiquement aucune critique ne s’est élevée contre l’insuffisance de l’information ou des défaillances dans sa distribution »)
mais une bonne information sans réaction du public, ne vaudrait rien. Or, selon la CNDP, savez-vous que :
Au total presque 5 000 personnes ont participé aux réunions publiques, ce qui, selon la CNDP, peut-être considéré comme très significatif compte tenu de la population de la zone d’étude
plus de 1 150 questions ont été adressées sur le site Internet de la Commission Particulière du Débat Public
près de 500 contributions et plus de 300 avis ont été reçus par la Commission Particulière du Débat Public
le site Internet, dans ses différentes composantes, a été bien utilisé puisqu’il enregistrait plus de 17 000 connexions à la clôture du débat ?
Surtout, on voit que les gens qui s'expriment aujourd'hui sur les études de la LGV Poitiers-Limoges ( Vienne Nature, Les amis de la Terre, la FNAUT, le Comité de défense de la gare de saint-Sébastien, l'Association des Maires et adjoints de la creuse, les CCI, les élus des villes et agglo de Limoges et Poitiers ...) l'ont déjà fait en 2006.
Je n'ai pas tout lu ( 500 contribution cela fait beaucoup de texte !!) mais celles que j'ai lues semblaient plutôt argumentés (qu'elles soient pour ou contre l'opportunité de la LGV)
Et dans les contributions il y a beaucoup de particuliers ( regardez la liste !!)
http://www.debatpublic-lgvpoitierslimoges.org/documents/contributions.html
http://www.debatpublic-lgvpoitierslimoges.org/documents/cahiers-acteurs.html
Vous dites que le débat « n'a pas traversé les populations »
Mais que penser de tous ces gens qui se sont exprimés ?
Une seule explication : toutes ces personnes ont participé à ce débat à leur insu de leur plein gré (?), comme disent les guignols ...
Mais j'ai peine à y croire ...
concernant le bilan tiré du débat, j'y réfléchirait un autre jour, il se fait un peu tard ...
Peut- être à une autre fois ...
Le compte-rendu du débat public et le bilan du débat public reflètent une grande opposition contre le projet LGV. Cette opposition est intéressante dans le sens où il ne s'agit pas d'une opposition exprimée par les riverains impactés par ce projet, mais une opposition sur la question de l'intérêt général de ce projet et de sa concurrence avec une alternative qui avait le consentement général : l'optimisation du POLT, et des lignes TER existantes.
Dans ces conditions,il est inutile de refaire un débat public, qui reprendra certainement les mêmes argumentations pour demander l'étude de cette alternative demandée.
Dans la mesure où le Limousin avait élu en 2004 une liste aux élections régionales qui s'était engagé à défendre cette alternative ferroviaire le débat public était déjà inutile puisque le débat politique sur la question avait déjà eu lieu et tranché par le verdict démocratique.
Il reste la dictature de RFF qui ne tenant compte ni du verdict des urnes, ni du bilan du débat public impose une solution ferroviaire qui va à l'encontre de la région limousine, volonté clairement exprimée à deux reprises ... aujourd'hui 3, vu l'opposition toujours vigoureuse à ce projet.
Il reste aussi aux grands élus politiques à s'expliquer sur leur attitude antidémocratique, leur incapacité d'écoute de la vive opposition à ce projet
Depuis 2004, le Conseil Régional du Limousin a décidé d'abandonner l'option POLT au profit du tracé par Poitiers. La position de Jean-Paul Denanot est donc cohérente avec celle de la collectivité qu'il préside.
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